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son esprit par l’étude des lettres, et dans le conseil des chefs, l’éloquent Étienne avait été choisi pour remplir les fonctions de président[1]. Ces quatre principaux chefs conduisaient les Français, les Normands et les pèlerins des îles de la Bretagne ; mais la liste des barons qui possédaient trois ou quatre villes excéderait, dit un auteur contemporain, le catalogue des chefs de la guerre de Troie[2]. [3o. Raimond de Toulouse.] 3o. Dans le midi de la France, le commandement fut partagé entre Adhémar, évêque du Puy, légat du pape, et Raimond, comte de Saint-Gilles et de Toulouse, qui ajoutait à ces titres les titres plus brillans de duc de Narbonne et de marquis de Provence. Le premier, prélat respectable, possédait également les vertus nécessaires pour ce monde et pour l’autre ; le second, vieux guerrier, avait déjà fait la guerre aux Sarrasins de l’Espagne, et dévouait les restes de sa vie non-seulement à la délivrance, mais à la défense du Saint-Sépulcre. Son expérience et ses richesses lui donnaient un grand ascendant dans le camp des chrétiens qui eurent souvent besoin de son secours, et l’obtinrent quelquefois ; mais il était plus facile

  1. Sa lettre à sa femme est insérée dans le Spicilegium de dom Luc d’Acheri (t. IV), et citée dans l’Esprit des Croisades (t. I, p. 63).
  2. Unius enim, duûm, trium seu quatuor oppidorum dominos quis numeret ? Quorum tanta fuit copia, ut non vix totidem Trojana obsidio coegisse putetur (Guibert, toujours vif et intéressant, p. 486).