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daient justice à la pureté de son zèle et à son désintéressement. Il était accompagné de ses deux frères ; Eustache, l’aîné, qui avait hérité du comté de Boulogne, et Baudouin, le cadet, dont les vertus étaient moins exemptes de soupçon. Des deux côtés du Rhin on respectait également le duc de Lorraine : sa naissance et son éducation lui rendaient la langue teutonique et la langue française également familières. Les barons de France, d’Allemagne et de Lorraine assemblèrent leurs vassaux, et les confédérés qui marchèrent sous sa bannière composaient quatre-vingt mille fantassins et dix mille chevaux. [2o. Hugues de Vermandois, Robert de Flandre, Étienne de Chartres, etc.]2o. Dans le parlement tenu en présence du roi, environ deux mois après le concile de Clermont, on peut considérer Hugues, comte de Vermandois, comme le plus illustre des princes qui prirent la croix ; mais c’est moins en raison de son mérite ou de ses possessions qu’il obtint le surnom de Grand, bien que, sous ces deux rapports, il méritât d’être distingué, qu’en considération du rang d’un frère du roi de France[1]. Robert, duc de Normandie, et fils aîné de Guillaume-le-Conquérant, avait perdu le royaume d’Angleterre à la mort de son père, par sa propre indolence et

  1. Anne Comnène suppose que Hugues tirait vanité de sa naissance, de sa puissance et de ses richesses (l. X, p. 288) : les deux premiers articles paraissent plus équivoques ; mais une ευγενεια célèbre il y a plus de sept cents ans dans le palais de Constantinople, atteste l’ancienne dignité de la famille Capétienne de France.