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treizième apôtre, prit ses quartiers d’hiver à Philippopolis, passades journées et des nuits entières dans des controverses de théologie. Pour appuyer ses raisons et vaincre l’opiniâtreté des sectaires, il accorda des honneurs et des récompenses aux plus distingués d’entre les prosélytes, et établit les convertis d’une moindre importance dans une nouvelle ville qu’il environna de jardins, et à laquelle il donna son nom et de grands priviléges ; il leur ôta le poste important de Philippopolis : les chefs réfractaires furent jetés dans des cachots ou condamnés au bannissement ; et ils durent leur vie à la prudence plutôt qu’à la clémence d’un empereur qui avait fait brûler devant l’église de Sainte-Sophie un pauvre hérétique dénué d’appui[1] ; mais l’orgueilleuse espérance qu’on avait pu concevoir de déraciner les préjugés d’une nation fut bientôt renversée par l’indomptable fanatisme des pauliciens, qui cessèrent de dissimuler ou refusèrent d’obéir. Aussitôt après le départ et la mort d’Alexis, ils retournèrent à leurs lois civiles et religieuses. Au commencement du treizième siècle, leur pape ou primat (signe évident de corruption) résidait sur les frontières de la Bulgarie, de la Croatie et de la Dalmatie, et gouvernait par ses vicaires les congrégations que la secte avait formées en Italie et en France[2]. Depuis cette

  1. Le moine Basile, chef des bogomiles, secte de gnostiques qui s’évanouit bientôt (Anne Comnène, Alexiade, l. xv. p. 486-494 ; Mosheim, Hist. eccles., p. 420).
  2. Matt. Paris, Hist. major., p. 267. Ducange rapporte