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la multiplicité des remèdes. Dans l’Église primitive, l’expiation se préparait par une confession publique et volontaire. Dans le moyen âge, les évêques et les prêtres interrogèrent le criminel, le forcèrent à un compte sévère de sa pensée, de ses paroles et de ses actions, et lui prescrivirent les conditions qui devaient obtenir la miséricorde divine ; mais, comme la tyrannie et l’indulgence pouvaient abuser alternativement de ce pouvoir arbitraire, on composa une règle de discipline pour servir d’instruction et de guide aux juges spirituels. Les Grecs furent les premiers inventeurs de cette législation ; l’Église latine traduisit ou imita leurs préceptes de pénitence[1] ; et du temps de Charlemagne le clergé de chaque diocèse avait un code qu’il cachait prudemment aux yeux du vulgaire. Dans cette estimation dangereuse des offenses et des punitions, la pénétration et l’expérience des moines prévoyaient tous les cas et toutes les différences. Il se trouvait dans leur liste des péchés que n’eût pas soupçonnés l’innocence, et d’autres

    amplement la pénitence et les indulgences du moyen âge, avec cette différence que le docte Italien peint avec modération, et peut-être trop faiblement, les abus de la superstition, et que le ministre hollandais les exagère avec amertume.

  1. Schmidt (Hist. des Allemands, t. II, p. 211-220, 452-462) donne un extrait du code pénitentiel de Rhegino dans le neuvième siècle, et de Burchard dans le dixième. Il se commit à Worms cinquante-cinq meurtres dans la même année.