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rent une correspondance secrète avec leurs frères d’Arménie, et aidèrent de leurs secours les apôtres de la secte, qui allèrent, non sans succès, tenter la foi des Bulgares encore mal affermie[1]. Ils furent renforcés et augmentés par une colonie puissante qu’au dixième siècle, Jean Zimiscès[2] transplanta des collines Chalybiennes dans les vallées du mont Hémus. Le clergé oriental, qui aurait désiré la destruction des manichéens, pressait du moins leur éloignement avec impatience. Le vaillant Zimiscès estimait leur valeur, dont il avait ressenti les coups ; leur attachement aux Sarrasins entraînait des suites fâcheuses ; établis près du Danube, ils pouvaient servir utilement contre les Barbares de la Scythie, ou bien être détruits par eux : on adoucit toutefois leur exil dans une terre éloignée, par la tolérance accordée à leurs opinions ; ils tenaient la ville de Philippopolis et les clefs de la Thrace ; les catholiques de ce canton devinrent leurs sujets ; les émigrans jacobites y demeurèrent leurs alliés ; ils occupèrent une ligne de villages et de châteaux dans

  1. Pierre le Sicilien, qui résida neuf mois à Téphrice (A. D. 870) pour négocier la rançon des captifs (p. 764), fut instruit de ce projet de mission ; et, pour empêcher le triomphe de l’erreur, il adressa l’Historia manichæorum au nouvel archevêque des Bulgares (p. 754).
  2. Zonare (tom. II, l. XVII, p. 209) et Anne Comnène (Alexiad., l. XIV, p. 450, etc.) parlent de la colonie de pauliciens et de jacobites, transplantée par Zimiscès (A. D. 970) d’Arménie dans la Thrace.