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générale était si favorable à la cause d’Urbain, son influence était si puissante, que le concile qu’il rassembla à Plaisance[1] fut composé de deux cents évêques d’Italie, de France, de Bourgogne, de Souabe et de Bavière. Quatre mille ecclésiastiques et trente mille laïques se rendirent à cette importante assemblée ; et comme la plus spacieuse cathédrale n’aurait pas suffi pour les contenir, les séances, qui durèrent sept jours, se tinrent dans une plaine voisine de la ville. Les ambassadeurs d’Alexis Comnène, empereur grec, vinrent y exposer les malheurs de leur souverain et le danger de Constantinople, qui n’était plus séparée que par un bras de mer étroit des Turcs, les ennemis implacables de tout ce qui portait le nom de chrétiens. Ils flattèrent adroitement, dans leur supplique, la vanité des princes latins, et leur représentèrent que la prudence et la religion les invitaient

    ensuite à Plaisance ; satis misericorditer suscepit, eo quôd ipsam tantas spurcitias non tam commisisse quam invitam pertulisse pro certo cognoverit papa cum sancta synodo. (ap. Baron., A. D. 1093, no 4, A. D. 1094, no 3.) Bizarre sujet des infaillibles décisions d’un pape et d’un concile. Ces abominations répugnent à tous les sentimens de la nature humaine, que ne peut altérer une dispute concernant la mitre et l’anneau. Il paraît cependant que cette malheureuse femme se laissa persuader par les prêtres de raconter ou de signer quelques anecdotes également honteuses pour elle et pour son mari.

  1. Voyez le Récit et les Actes du synode de Plaisance, Concil., t. XII, p. 821, etc.