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quens appels au Christ, à la Vierge sa mère, aux saints et à tous les anges du paradis, avec lesquels il avait familièrement conversé. Les orateurs les plus parfaits de la Grèce auraient pu porter envie aux succès de son éloquence ; l’enthousiasme grossier qui l’enflammait se communiqua rapidement, et la chrétienté attendit avec impatience le concile et les décrets du souverain pontife.

Urbain II dans le concile de Plaisance. A. D. 1095. Mars.

Le courageux Grégoire II avait formé le projet d’armer l’Europe contre l’Asie ; ses lettres peignent encore l’ardeur de son zèle et de son ambition. Des deux côtés des Alpes, cinquante mille catholiques s’étaient enrôlés sous les drapeaux de saint Pierre[1] ; et son dessein de marcher à leur tête contre les sectaires impies de Mahomet, a été révélé par son successeur. Mais le reproche ou la gloire d’exécuter cette sainte entreprise, bien que non pas en personne, était réservé à Urbain II[2], le plus fidèle des disciples de Grégoire. Urbain entreprit la conquête de l’Orient tandis que Guibert de Ravenne possédait et fortifiait la plus grande partie de Rome, et lui disputait le titre de pape et les honneurs du ponti-

  1. Ultra quinquaginta millia, si me possunt in expeditione pro duce et pontifice habere, armatâ manu volunt in inimicos Dei insurgere et ad sepulchrum Domini ipso ducente pervenire. (Grégoire VII, epist. 2, 31, t. XII, p. 322, Concil.)
  2. Voyez les Vies originales d’Urbain II, par Pandolphe, Pisan, et par Bernard Guido, dans Muratori, Rerum ital. script., t. III, part. I, p. 352, 353.