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imprenable forteresse de Téphrice[1] ; les uns implorèrent leur pardon, les autres s’enfuirent sur les frontières, La place devint un monceau de ruines ; mais l’esprit d’indépendance se soutint au fond des montagnes pendant plus de cent ans. Les sectaires défendirent leur religion et leur liberté, infestèrent les frontières romaines, et conservèrent leur alliance avec les ennemis de l’empire et de l’Évangile.

Les pauliciens sont transplantés de l’Arménie dans la Thrace.

Constantin, que les partisans des images ont surnommé Copronyme, fit, vers le milieu du huitième siècle, une expédition dans l’Arménie : il trouva dans les villes de Mélitène et de Théodosiopolis un grand nombre de pauliciens qui suivaient une doctrine peu différente de la sienne : soit qu’il voulût les punir ou leur donner une marque de faveur, il les transplanta des rives de l’Euphrate à Constantinople et dans la Thrace ; et cette migration introduisit et répandit leur doctrine en Europe[2]. Si ceux qu’on établit dans la métropole se trouvèrent bientôt perdus dans la masse confuse des habitans, les autres jetèrent de profondes racines sur le sol où on venait de les transplanter. Les pauliciens de la Thrace résistèrent aux orages de la persécution ; ils entretin-

  1. Συναπεμαρανθη πασα ή ανθο‌υσα της Τεφρικης ευανδρια. Que la langue grecque a d’élégance, même dans la bouche de Cedrenus !
  2. Copronyme transplanta ses συγγενεις, hérétiques ; et ainsi εϖλατυνθη ή αιρεσις Παυλικιανων, dit Cedrenus (p. 463), qui a copié les Annales de Théophane.