Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au nom de Hakem, le souverain des vivans et des morts, chacun devait plier les genoux et adorer une montagne près du Caire, qui était consacrée aux mystères de ce culte : seize mille personnes avaient signé sa profession de foi, et aujourd’hui même une peuplade libre et guerrière, les Druses du mont Liban, croient à la divinité de ce tyran insensé, et sont persuadés qu’il existe encore[1]. En qualité de dieu, Hakem détestait les Juifs et les chrétiens comme soumis à ses rivaux ; mais un reste de prévention ou de prudence lui parlait en faveur de la loi de Mahomet. Ses persécutions cruelles en Égypte et dans la Palestine firent quelques martyrs et un grand nombre d’apostats ; il méprisait également les droits communs et les priviléges particuliers des différentes sectes, et il défendit aux étrangers et aux habitans de Jérusalem de visiter le tombeau de Jésus-Christ. [Sacrilége de Hakem. A. D. 1009.]Le temple du monde chrétien, l’église de la Résurrection, fut démolie jusque dans ses fon-

  1. La religion des Druses est cachée par leur ignorance et leur hypocrisie. Le secret de leur doctrine ne se communique qu’aux élus qui mènent une vie contemplative ; et les Druses des classes ordinaires les plus indifférens des hommes, se conforment, selon l’occasion, au culte des mahométans ou à celui des chrétiens de leur voisinage. Le peu qu’on sait ou le peu qui mérite d’être connu sur cette peuplade, se trouve dans Niebuhr, auteur qui a examiné avec soin les pays qu’il a parcourus (Voyages, t. II, p. 354-357), et dans le second volume du Voyage récent et instructif de M. Volney.