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des Turcs dans l’art de la navigation permit quelque temps, à l’empereur, de jouir d’une sécurité sans gloire ; mais lorsque les captifs grecs leur eurent construit une flotte de deux cents vaisseaux, Alexis trembla derrière les murs de sa capitale. Pour exciter la compassion des Latins, il répandit en Europe des lettres lamentables, qui peignaient le danger, la faiblesse et la richesse de la cité de Constantin[1].

État de Jérusalem ; détails sur les pèlerinages qu’on y faisait. A. D. 638-1099.

La conquête la plus intéressante des Turcs seljoucides fut celle de Jérusalem[2], qui ne tarda pas à devenir le théâtre des nations. La capitulation accordée par Omar aux habitans, leur assurait la liberté de leur religion et la conservation de leurs propriétés ; mais les articles en avaient été interprétés par un maître contre lequel on ne disputait pas sans danger ; et pendant les quatre cents ans que dura le règne des

  1. Dans son épître au comte de Flandre, Alexis paraît avilir son caractère et sa dignité ; cependant cette lettre est reconnue authentique par Ducange (Not. ad Alexiad., p. 335, etc.), et paraphrasée par l’abbé Guibert, historien contemporain. Le texte grec n’existe plus, et chacun des traducteurs et des copistes a pu dire avec Guibert (p. 475) verbis vestita meis, privilége d’une étendue indéfinie.
  2. Deux passages d’une grande étendue et originaux de Guillaume, archevêque de Tyr (l. I, c. 1-10 ; l. XVIII, c. 5, 6), le principal auteur des Gesta Dei per Francos, contiennent les détails les plus sûrs touchant l’histoire de Jérusalem, depuis Héraclius jusqu’aux Croisades. M. de Guignes a publié un savant Mémoire sur le commerce des Français dans le Levant avant les Croisades, etc. (Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXXVII, p. 467-500).