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et que les hordes des Turcomans couvrirent les plaines de la partie occidentale de l’Asie. Les liens de l’union et de la subordination, affaiblis par la mort de Malek, ne tardèrent pas à se dissoudre : l’indulgence des princes de la maison de Seljouk éleva des esclaves sur le trône ; et, s’il faut employer ici le style oriental, une nuée de princes s’éleva de la poussière de leurs pieds[1].

Conquête de l’Asie Mineure par les Turcs. A. D. 1074-1084.

Un prince du sang royal, Cutulmish, fils d’Izrail, fils de Seljouk, était tombé dans une bataille contre Alp-Arslan ; et le vainqueur, plein d’humanité, avait répandu une larme sur sa tombe. Ses cinq fils, forts par le nombre de leurs adhérens, ambitieux et avides de vengeance, s’armèrent contre le fils d’Arslan. Les deux armées attendaient le signal, lorsque le calife, oubliant l’étiquette qui lui défendait de se montrer aux yeux du vulgaire, interposa sa médiation respectable aux deux partis. « Au lieu de verser le sang de vos frères, de vos frères par le sang et la foi, réunissez vos forces dans une sainte guerre contre les Grecs, les ennemis de Dieu et de son apôtre. » On profita de ses conseils ; le sultan embrassa ses parens rebelles ; l’aîné de ceux-ci, le brave Soliman, accepta le drapeau royal, sous les auspices duquel

    Turcs de l’Asie Mineure obéissaient au cachet et au chiauss du grand sultan (Alexiad., l. VI, p. 170), et qu’il retenait dans sa cour les deux fils de Soliman (p. 180).

  1. Petis de La Croix (Vie de Gengis-Khan, p. 161) cite cette expression d’un poète persan, selon toute apparence.