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il quitta Ispahan qui avait été le théâtre de cette scène d’iniquité, et se rendit à Bagdad avec le projet de détrôner le calife et de fixer sa résidence dans la capitale des musulmans. Le faible successeur de Mahomet obtint un répit de dix jours, et avant l’expiration de ce terme, Malek fut appelé par l’ange de la mort. Ses ambassadeurs à Constantinople avaient demandé pour lui la main d’une princesse romaine ; mais l’empereur grec avait éludé la proposition avec décence, et la fille d’Alexis, dont le prince turc avait voulu faire sa femme, parle avec horreur de cet étrange mariage[1]. Le calife Moctadi épousa la fille du sultan, mais avec l’absolue condition de renoncer pour jamais à la société de ses femmes et de ses concubines, pour se borner à cette honorable alliance.

Division de l’empire des Seljoucides.

La grandeur et l’unité de l’empire turc disparurent avec Malek-Shah. Son frère et ses quatre fils se disputèrent le trône, et, après plusieurs guerres civiles, le traité qui réconcilia ceux des compétiteurs qui vivaient encore, sépara du reste de l’empire la dynastie persane, la branche aînée et principale de la maison de Seljouk. Les trois branches cadettes étaient celles de Kerman, de Syrie et de

  1. Anne Comnène parle de cette royauté des Persans comme αϖασης κακοδαιμονες ερον πενιας. Elle n’avait que neuf ans à la fin du règne de Malek-Shah (A. D. 1092), et lorsqu’elle dit qu’il fut assassiné, elle confond le sultan avec le visir. (Alexiad., l. VI, p. 177, 178.)