Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des vivres pour deux mois, et il alla faire le siége de Malazkerd[1], forteresse importante située entre les villes modernes d’Erzeroum et de Van. Son armée se montait au moins à cent mille hommes. Les troupes de Constantinople étaient renforcées de la multitude désordonnée de la Phrygie et de la Cappadoce ; mais la véritable force de l’armée se composait des sujets et des alliés d’Europe, des légions de la Macédoine et des escadrons de la Bulgarie, des Uzes, horde moldave, qui étaient eux-mêmes de race turque[2], et surtout des bandes mercenaires des Français et des Normands. Le brave Ursel de Bailleul, allié et tige des rois d’Écosse[3], commandait ces derniers, qui

  1. Constantin Porphyrogenète fait mention de cette ville (De administ. imper., l. II, c. 44, p. 119). Les auteurs qui écrivirent à Byzance dans le onzième siècle, en parlent également sous le nom de Mantzikierte, et plusieurs la confondent avec Theodosiopolis ; mais Delisle, dans ses Notes et sa Carte, a fixé la situation de Malazkerd. Abulféda (Géogr., Tab. 18, p. 310) dit que Malazkerd est une petite ville bâtie de pierres noires, où l’on trouve de l’eau, mais où il n’y a point d’arbres, etc.
  2. Les Uzes des Grecs (Stritter, Memor. byzant., t. III, p. 923-948) sont les Gozz des Orientaux (Hist. des Huns, t. II, p. 522 ; t. III, p. 133, etc.). On les trouve sur les rives du Danube et du Volga, dans l’Arménie, la Syrie et le Khorasan, et il paraît qu’on donna ce nom à la nation entière des Turcomans.
  3. Geoffroy Malaterra (l. I, c. 33) distingue Urselius (le Russelius de Zonare) parmi les Normands qui subjuguèrent la Sicile, et il lui donne le surnom de Baliol. Les