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loppés dans la proscription sous un nom plus odieux, et que d’autres, chassés de l’Église, se réfugièrent malgré eux dans le sein de l’hérésie.

Révolte des pauliciens. A. D. 845-880.

Les sectaires d’une religion long-temps persécutée qui arborent l’étendard de la révolte, deviennent les plus terribles et les plus dangereux des rebelles. Armés pour une cause sacrée, ils ne se montrent plus susceptibles de crainte ni de remords : le sentiment de la justice de leur parti endurcit leur cœur contre les mouvemens de l’humanité, et ils vengent sur les enfans de leurs tyrans les injures de leurs pères. Tels ont été les hussites de la Bohême, les calvinistes de la France ; et tels furent au neuvième siècle les pauliciens de l’Arménie et des provinces voisines[1]. Le massacre d’un gouverneur et d’un évêque, chargés par l’empereur de convertir ou d’exterminer les hérétiques, fut le premier signal de la révolte : et les profondes retraites du mont Argée devinrent pour eux l’asile de la liberté et du ressentiment. La persécution de Théodora et la révolte de Carbeas, brave paulicien qui commandait les gardes du général de l’Orient, allumèrent un incendie plus dangereux et plus général. Le père de Carbéas avait été empalé par les inquisiteurs catholiques, et la religion ou du moins la nature semblait

  1. Pierre le Sicilien (p. 763-764), le continuateur de Théophane (l. IV, c. 4, p. 103, 104), Cedrenus (p. 541, 542, 545) et Zonare (t. II, l. XVI, p. 156) racontent la révolte et les exploits de Carbeas et de ses pauliciens.