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égalait sa valeur[1]. [Règne et caractère de Trogul-Beg. A. D. 1038-1063.]Il chassa les Gaznevides des parties orientales de la Perse, et cherchant une contrée plus riche et un climat plus doux, il les poussa peu à peu jusqu’aux rives de l’Indus. Il mit fin en occident à la dynastie des Bowides, et le sceptre d’Irak passa alors des mains des Persans entre celles des Turcs. Les princes qui avaient éprouvé ou qui redoutaient les traits des Seljoucides, se prosternèrent dans la poussière : Togrul, par la conquête de l’Aderbijan ou la Médie, s’approcha des frontières romaines ; et le pasteur osa demander, par un ambassadeur ou par un héraut, obéissance et tribut à l’empereur de Constantinople[2]. Dans ses états, Togrul était le père de ses soldats et de son peuple ; son administration ferme et impartiale répara en Perse les maux de l’anarchie, et ces mêmes mains, qui s’étaient trempées dans le sang, protégèrent l’équité et la paix publique. Les plus grossiers, peut-être les plus sages d’entre les Turcomans[3], continuèrent à vivre sous

  1. Par une légère transformation, Togrul-Beg se trouve être le Tangroli-Pix des Grecs. D’Herbelot (Bibl. orient., p. 1027, 1028) et de Guignes (Hist. des Huns, t. III, p. 189-201) donnent des détails fidèles sur son règne et sur son caractère.
  2. Cedrenus (t. II, p. 774, 775), Zonare (t. II, p. 257), avec leurs connaissances ordinaires sur les affaires d’Orient, parlent de l’ambassadeur comme d’un schérif, qui, semblable au syncellus du patriarche, était le vicaire et le successeur du calife.
  3. J’ai tiré de Guillaume de Tyr cette distinction des