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ronne tomba sur Togrul-Beg, fils de Michel, fils de Seljouk, dont le nom fut immortalisé par la grandeur où parvint sa postérité. Le sultan Mahmoud, très-versé dans la généalogie des familles de son pays, disait ne pas connaître celle de Seljouk ; ce chef paraît cependant avoir été puissant et renommé[1]. Seljouk avait été banni du Turkestan pour avoir osé pénétrer dans le harem de son prince ; et, après avoir passé le Jaxartes à la tête d’une tribu nombreuse de ses amis et de ses vassaux, il campa aux environs de Samarcande ; ayant embrassé la religion de Mahomet, il obtint la couronne du martyre dans une guerre contre les infidèles. Sa carrière ne finit qu’à cent sept ans ; son fils était mort, et Seljouk avait pris soin de ses deux petits-fils, Togrul et Jaafar : l’aîné était âgé de quarante-cinq ans lorsqu’il reçut le titre de sultan dans la cité royale de Nisabour. Ses vertus justifièrent l’aveugle détermination du sort. Il serait superflu de vanter la valeur d’un Turc ; son ambition

  1. D’Herbelot, p. 801. Au reste, lorsque sa postérité fut parvenue au faîte des grandeurs, Seljouk se trouva être le trente-quatrième descendant du grand Afrasiab, empereur de Touran (p. 800). La généalogie tartare de Zingis offre une autre manière de flatter et une autre fable ; et l’historien Mirkhond fait venir les Seljoucides d’Alankavah, la Vierge mère (p. 801, col. 2). Si en effet ce sont les Zalzuts d’Abulghazi-Bahadur-Khan (Hist. généalog., p. 148), on cite en leur faveur un témoignage de beaucoup de poids, celui d’un prince tartare lui-même, d’un descendant de Zingis, d’Alankavah ou Alancu, et Oghuz-Khan.