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lieu de croire, lui dit-il, qu’il n’y avait qu’un de mes fils qui osât se permettre un pareil attentat ; j’ai éteint les flambeaux afin que ma justice fût aveugle et inflexible. J’ai ensuite remercié le ciel de la découverte du coupable ; et telles ont été mes inquiétudes depuis l’instant de votre plainte, que j’ai passé ces trois jours sans prendre de nourriture. » 2o. Le sultan de Gazna avait déclaré la guerre à la dynastie des Bowides, souverains de la Perse occidentale : il fut désarmé par une lettre de la sultane-mère, et différa son invasion jusqu’à ce que l’enfant alors sur le trône eût atteint l’âge d’homme[1]. « Tant que mon mari a vécu, lui écrivit l’adroite régente, j’ai redouté votre ambition : c’était un prince et un guerrier digne de votre valeur. Il n’est plus ; son sceptre a passé à une femme et à un enfant ; vous n’oserez pas attaquer l’enfance et la faiblesse. Votre conquête n’aurait rien de glorieux, et combien votre défaite serait honteuse ! car enfin le Tout-Puissant dispose de la victoire. » Un seul défaut, l’avarice, ternissait le beau caractère de Mahmoud, et jamais passion ne fut si richement satisfaite. Les Orientaux passent toute vraisemblance dans la description de ses trésors, qu’ils composent de plus de millions d’or et d’argent que n’en a jamais accumulés l’avidité de l’homme ; de perles, de diamans et de rubis, tels,

  1. D’Herbelot, Biblioth, orientale, p. 537. Au reste, ces lettres, ces apophtegmes, etc., offrent rarement le langage du cœur et le motif des actions publiques.