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sa religion et ses mœurs, au milieu de l’Italie, jusqu’à la fin du treizième siècle, qu’elle fut détruite par le zèle et la vengeance de la maison d’Anjou[1]. La cruauté et l’avarice de l’empereur excédèrent tous les maux qu’avait prédits Falcando, Il viola les tombeaux des rois ; son avidité rechercha les trésors secrets du palais de Palerme et de tout le royaume : outre les perles et les diamans, faciles à emporter, cent soixante chevaux furent chargés de l’or et de l’argent de la Sicile[2]. Le jeune roi, sa mère et ses sœurs, les nobles des deux sexes, furent emprisonnés séparément dans les forteresses des Alpes ; et, au plus léger trait de rebellion, on tranchait les jours des

  1. Voyez sur les Sarrasins de Sicile et de Nocera les Annales de Muratori (t. X, p. 149, et A. D. 1223-1247), Giannone (t. II, p. 385) ; et parmi les originaux rapportés dans la collection de Muratori, Richard de Saint-Germain (t. VII, p. 996), Matteo Spinelli de Giovenazzo (t. VII, p. 1064), Nicolas de Jamsilla (t. X, p. 494), et Matteo Villani (t. XIV, l. VII, p. 103). Le dernier laisse entrevoir que Charles II, de la maison d’Anjou, employa l’artifice plutôt que la violence, pour réduire les Sarrasins de Nocera.
  2. Muratori rapporte le passage d’Arnaud de Lubeck (l. IV, c. 20) : Reperit thesauros absconditos, et omnem lapidum pretiosorum et gemmarum gloriam, ita ut oneratis 160 sommariis, gloriose ad terram suam redierit. Roger de Hoveden, qui parle de la violation des tombeaux et des cadavres des rois, évalue la dépouille de Salerne à deux cent mille onces d’or (p. 746). Dans ces occasions, je suis presque tenté de m’écrier avec la jeune écouteuse de La Fontaine : « Je voudrais bien avoir ce qui manque. »