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puissant n’aurait pu avoir d’autre effet que de dégager l’empereur de toute reconnaissance et d’en faire un ennemi. Les Génois, qui avaient un établissement en Sicile, où ils faisaient un commerce avantageux, prêtèrent l’oreille aux propositions de Henri, appuyées de la promesse d’une reconnaissance sans bornes, et de celle d’un prompt départ[1]. Les vaisseaux des Génois commandaient le détroit de Messine ; ils ouvrirent à l’empereur le port de Palerme : le premier acte de son administration fut d’abolir les priviléges et de saisir la propriété de ces alliés imprudens. La discorde des chrétiens et des musulmans trompa le dernier vœu qu’avait formé Falcando : ils se battirent au sein de la capitale ; il périt plusieurs milliers des disciples de Mahomet ; mais ceux qui échappèrent à la mort se retranchèrent dans les montagnes, et troublèrent pendant plus de trente années la paix de l’île. Frédéric II transplanta soixante mille Sarrasins à Nocera, canton de la Pouille. Ce prince et son fils Mainfroy employèrent, dans leurs guerres contre l’Église romaine, le honteux secours des ennemis du Christ ; et cette colonie de musulmans garda

    (p. 689), est de peu de poids contre le silence des auteurs allemands et italiens (Muratori, Annal. d’Ital., t. X, p. 156). Les prêtres et les pèlerins qui revenaient de Rome faisaient des contes sans nombre sur la toute-puissance du saint père.

  1. Ego enim in eo cum Teutonicis manere non debeo. (Caffari, Annales genuenses, in Muratori, Script. rer. ital., t. VI, p. 367, 368.)