Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un prince fugitif de la maison de Comnène arma Guillaume II, petit-fils de Roger ; et les sujets d’Andronic ne voyant dans leur maître que le plus dangereux des ennemis, accueillirent les Normands comme des amis. [Dernière guerre des Grecs et des Normands.]Les historiens latins[1] se plaisent à raconter le rapide progrès des quatre comtes qui envahirent la Romanie et soumirent au roi de Sicile un assez grand nombre de châteaux et de villes : les Grecs[2] [A. D. 1156.]rapportent et exagèrent les cruautés licencieuses et sacriléges commises au sac de Thessalonique, la seconde ville de l’empire. Les premiers déplorent la mort de ces guerriers invincibles et confians qui perdirent la vie par les artifices d’un ennemi vaincu ; les derniers célèbrent dans des chants de triomphe les victoires multipliées de leurs com-

  1. Je ne puis citer ici d’autres témoins originaux que les misérables Chroniques de Sicard de Crémone (p. 603) et de Fossa Nova (p. 875), qui se trouvent au 7e volume des historiens de Muratori. Le roi de Sicile envoya ses troupes contra nequitiam Andronici… ad acquirendum imperium C. P. Ses soldats furent capti aut confusi… decepti, captique par Isaac.
  2. Cinnamus nous manque ici, et nous sommes réduits à Nicétas (in Andronico, l. I, c. 7, 8, 9 ; l. II, c. 1, in Isaac Angelo, l. I, c. 1-4), qui devient un contemporain de beaucoup de poids. Comme il écrivit après la chute de l’empereur et de l’empire, il est exempt de flatterie ; mais la chute de Constantinople aigrit ses préventions contre les Latins. J’observerai, à l’honneur des lettres, qu’Eustathe, archevêque de Thessalonique, le fameux commentateur d’Homère, refusa d’abandonner son troupeau.