Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nombre de familles sujettes, se rappelèrent et imitèrent les exploits maritimes de ces ancêtres qui étaient devenus les leurs ; ils luttèrent, dans la maturité de leur force, contre la puissance africaine alors sur son déclin. Le calife fatimite voulant, lors de son départ pour la conquête de l’Afrique, récompenser le mérite réel et la fidélité apparente de Joseph, un de ses officiers lui donna son manteau royal, quarante chevaux arabes, son palais avec les meubles magnifiques qui s’y trouvaient, et enfin le gouvernement des royaumes de Tunis et d’Alger. Les Zeirides[1], descendans de Joseph, oubliant la soumission et la reconnaissance qu’ils devaient à un bienfaiteur éloigné, s’étaient emparés et avaient abusé des fruits de leur prospérité ; ils tombaient de faiblesse après avoir fourni la carrière peu étendue d’une dynastie orientale. Ils étaient accablés sur le continent par les Almohades, princes fanatiques de Maroc, et ils voyaient leurs rivages exposés aux entreprises des Grecs et des Français qui, avant la fin du onzième siècle, leur avaient arraché une contribution de deux cent mille pièces d’or. Les premières campagnes de Roger annexèrent à la couronne de Sicile le rocher de Malte, illustré depuis par une colonie religieuse et militaire. Il attaqua

  1. Voyez de Guignes, Hist. génér. des Huns, t. I, p. 369-373, et Cardonne, Hist. de l’Afrique, etc., sous la domination des Arabes, t. II, p. 70-140. Il paraît que ces deux auteurs ont pris Novairi pour leur guide.