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nard se réunirent pour la ruine du brigand de Sicile. Roger, après une vigoureuse résistance, se vit chassé du continent de l’Italie ; et, à la cérémonie de l’investiture d’un nouveau duc de la Pouille, le pape et l’empereur tinrent chacun une extrémité du gonfanon ou bâton du pavillon, pour marquer qu’ils soutenaient leurs droits et suspendaient leurs querelles. Mais cette amitié inquiète fut de peu de durée ; la maladie et la désertion ne tardèrent pas à détruire les armées d’Allemagne[1]. Roger, qui pardonnait rarement à ses ennemis morts ou vifs, extermina le duc de la Pouille et tous ses adhérens. Innocent, aussi faible que hautain, devint, ainsi que Léon IX, son prédécesseur, le captif et l’ami des Normands ; et leur réconciliation fut célébrée par l’éloquence de saint Bernard, alors plein de respect pour le titre et les vertus du roi de Sicile.

Ses conquêtes en Afrique. A. D. 1122-1152.

Pour expier sa guerre sacrilége contre le successeur de saint Pierre, Roger avait promis d’arborer l’étendard de la croix, et il s’empressa d’accomplir un vœu si favorable à ses intérêts et à sa vengeance. Les outrages que venait de recevoir la Sicile l’engageaient à de justes représailles sur les Sarrasins. Les Normands, qui s’étaient alliés à un si grand

  1. Roger corrompit le second officier de l’armée de Lothaire, qui fit sonner la retraite, ou plutôt qui cria aux troupes de se retirer ; car les Allemands, dit Cinnamus (l. III, c. 1, p. 51), ignorent l’usage des trompettes. Il est bien ignorant lui-même.