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en dépit de nos efforts, la bonté et la puissance d’Ormuzd se trouvent à l’extrémité contraire de la ligne, et tout ce qui se rapproche de l’un doit s’éloigner de l’autre dans la même proportion[1].

Établissement des Pauliciens dans l’Arménie, le Pont, etc.

Les travaux apostoliques de Constantin Sylvanus multiplièrent bientôt le nombre de ses disciples, récompense secrète de son ambition spirituelle. Les restes des sectes gnostiques, et spécialement les manichéens de l’Arménie, se réunirent sous son étendard : il convertit ou séduisit par ses argumens plusieurs catholiques, et il prêcha avec succès dans les contrées du Pont[2] et de la Cappadoce, qui dès long-temps se trouvaient imbues de la religion de Zoroastre. Les docteurs pauliciens ne se distinguaient que par un surnom tiré de l’Écriture, par le modeste titre de compagnons de pèlerinage, par l’austérité de leurs mœurs, par leur zèle ou leurs lumières, ou enfin par le renom où ils étaient d’avoir reçu des dons du Saint-Esprit ; mais incapables de désirer, ou du moins d’obtenir la richesse et les hon-

  1. Deux savans critiques, Beausobre (Hist. critique du Manichéisme, l. I, IV, V, VI) et Mosheim (Institut. histor. eccles. et De rebus christianis ante Constantinum, sec. I, II, III), se sont efforcés de reconnaître et de distinguer les différens systèmes des gnostiques sur les deux principes.
  2. Les Mèdes et les Perses ont possédé plus de trois siècles et demi les provinces situées entre l’Euphrate et l’Halys (Hérodote, l. I, c. 103), et les rois de Pont étaient de la maison royale des Achæménides. (Salluste, Fragment, l. III, avec le Supplément et les notes du président de Brosses.)