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ignominieuse dispersa les légers brigantins des Grecs ; les neuf forteresses mouvantes des Vénitiens soutinrent un combat plus opiniâtre ; sept furent coulées bas, et les deux autres tombèrent au pouvoir de l’ennemi ; deux mille cinq cents captifs implorèrent en vain la pitié du vainqueur, et la fille d’Alexis évalue à treize mille hommes le nombre des Grecs ou alliés qui perdirent la vie en cette occasion. Le génie de Guiscard avait suppléé au défaut d’expérience : chaque soir, après avoir sonné la retraite, il examinait avec tranquillité les causes de sa défaite, et imaginait de nouvelles méthodes pour remédier à sa faiblesse et rendre inutiles les avantages de l’ennemi. L’hiver suspendit ses opérations : au retour du printemps, il songea de nouveau à se rendre maître de Constantinople ; mais au lieu de traverser les collines de l’Épire, il se porta dans la Grèce et dans les villes de l’Archipel, dont la dépouille pouvait le payer de ses travaux, et où son armée et ses vaisseaux pouvaient agir ensemble avec plus de vigueur et de succès ; ses projets furent déconcertés par une maladie épidémique qui se répandit sur son camp dans

    toire des Normands, et oublie les deux défaites antérieures qu’Anne Comnène a soin de rappeler (l. VI, p. 159, 160, 161). À son tour, elle invente ou elle exagère une quatrième action, où les Vénitiens sont vengés de leur perte et récompensés de leur zèle. Les Vénitiens ne pensaient pas ainsi, puisqu’ils déposèrent leur doge, propter excidium stoli. (Dandolo, in Chron. in Muratori, Script. rerum italicarum, t. XII, p. 249)