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gnant d’être attaqué une seconde fois, s’était occupé avec assiduité à rétablir la marine de l’empire. Il avait obtenu de la république de Venise un secours considérable, consistant en trente-six navires de transport, quatorze galères et neuf galiotes ou vaisseaux d’une grandeur ou d’une force extraordinaire : ce secours avait été libéralement payé par la liberté ou le privilége exclusif de commerce accordé à la république, le don que lui avait fait l’empereur d’un assez grand nombre de boutiques et de maisons dans le port de Constantinople, et un tribut d’autant plus agréable, que c’était le produit d’un impôt sur les citoyens d’Amalfi, rivale de Venise. La réunion des Grecs et des Vénitiens couvrit la mer Adriatique d’une escadre ennemie ; mais leur négligence ou l’habileté de Robert, la variation des vents ou l’obscurité d’une brume, ouvrirent au duc un passage, et les troupes des Normands débarquèrent saines et sauves sur la côte d’Épire. L’intrépide duc, à la tête de vingt fortes galères, chercha l’ennemi sans perdre de temps, et quoique plus habitué à combattre à cheval, il exposa sa vie et celle de son frère et de ses deux fils à l’événement d’une bataille navale. L’empire de la mer fut disputé dans trois combats livrés à la vue de l’île de Corfou : l’habileté et le nombre des alliés prévalurent dans les deux premiers ; mais, au troisième, les Normands remportèrent une victoire complète et décisive[1]. Une fuite

  1. Guillaume de la Pouille (l. V, p. 276) décrit la vic-