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Sicile, les sujets de Roger et les auxiliaires de Guiscard, saisirent cette occasion de dépouiller et de profaner la sainte cité des chrétiens : des milliers de citoyens furent outragés, égorgés ou réduits en captivité, sous les yeux et par les alliés de leur père spirituel ; un quartier spacieux, qui se prolongeait du palais de Latran au Colisée, fut consumé par les flammes, et de nos jours c’est encore un désert[1]. Grégoire, abandonnant une ville qui le détestait et qui ne le craignait plus, alla finir ses jours dans le palais de Salerne. L’adroit pontife fit sans doute espérer à Guiscard la souveraineté de Rome ou la couronne impériale ; mais cette mesure dangereuse, qui, selon toute apparence, aurait donné une nouvelle ardeur à l’ambition du duc normand, aurait indisposé pour jamais les fidèles princes de l’Allemagne.

Secondes expéditions de Robert dans la Grèce. A. D. 1084. Oct.

Le libérateur et le fléau de Rome aurait pu se livrer enfin au repos ; mais, dans la même année où il avait vu fuir l’empereur d’Allemagne, l’infatigable Robert reprit ses projets de conquête en Orient. Le zèle ou la reconnaissance de Grégoire avait promis à sa valeur les royaumes de la Grèce et de l’Asie[2].

  1. Le Jésuite Donat (De Româ veteri et novâ, l. IV, c. 8, p. 489), après avoir parlé de cette dévastation, ajoute agréablement : Duraret hodieque in Cælio monte interque ipsum et Capitolium miserabilis facies prostratæ urbis, nisi in hortorum vinetorumque amenitatem Roma resurrexisset ut perpetuâ viriditate contegeret vulnera et ruinas suas.
  2. Le titre de roi, promis ou donné à Robert par le pape