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les Romains soutinrent la cause de Grégoire ; leur courage était encore raffermi par les secours d’hommes et d’argent qui leur arrivaient de la Pouille, et le roi d’Allemagne assiéga trois fois en vain la ville de Rome. [Il assiége Rome. A. D. 1081-1084.]La quatrième année, Henri corrompit, dit-on, avec l’or de Byzance, les nobles romains qui avaient vu leurs domaines et leurs châteaux ruinés par la guerre. [A. D. 1084. Mars 21, 24, 31.]On lui livra les portes, les ponts et cinquante otages : l’antipape Clément III fut sacré dans le palais de Latran, et, plein de reconnaissance, couronna son protecteur dans le Vatican. L’empereur Henri, en qualité de légitime successeur d’Auguste et de Charlemagne, fixa sa résidence au Capitole. Le neveu de Grégoire défendait encore les ruines du Septizonium ; le pape était bloqué dans le château Saint-Ange, et ne comptait plus que sur le courage et la fidélité de son vassal normand. Des injures et des plaintes réciproques avaient interrompu leur amitié ; mais, dans ce pressant danger, Guiscard ne vit plus que ses sermens, son intérêt plus fort que les sermens, l’amour de la gloire et son inimitié pour les deux empereurs. Déployant la sainte bannière, il résolut de voler au secours du prince des apôtres ; il se mit en route après avoir rassemblé six mille cavaliers et trente mille fantassins, c’est-à-dire l’armée la plus nombreuse qu’il ait jamais eue, et ses troupes, durant toute leur marche de Salerne à Rome, furent encouragées par les applaudissemens publics et la promesse des secours du ciel. Henri, vainqueur dans soixante-six batailles, trembla à son