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donnait à ses archers de viser le cheval plutôt que le cavalier ; il semait de pointes de fer et de différentes sortes de pièges le terrain sur lequel il pouvait s’attendre à une attaque. La guerre se prolongea aux environs de Larisse, où se balancèrent les succès des deux armées. Dans toutes les occasions, le courage de Bohémond se montra d’une manière brillante et souvent heureuse ; mais les Grecs imaginèrent un stratagème qui occasionna le pillage de son camp : la ville était imprenable, et les comtes, mécontens ou corrompus par l’ennemi, quittèrent ses drapeaux, livrèrent leurs postes et s’enrôlèrent au service de l’empereur Alexis, qui retourna à Constantinople, remportant l’avantage plutôt que l’honneur de la victoire. Après avoir abandonné des conquêtes qu’il ne pouvait plus défendre, le fils de Guiscard s’embarqua pour l’Italie, où il fut très-bien reçu par son père, qui connaissait son mérite et plaignait son infortune.

L’empereur Henri III est appelé par les Grecs. A. D. 1081.

Parmi les princes latins alliés d’Alexis et ennemis de Robert, Henri III ou IV, roi d’Allemagne et d’Italie, qui devint ensuite empereur d’Occident, était le plus puissant et le plus zélé. La lettre que lui

    προαλματα, qui embarrassaient les chevaliers lorsqu’ils se trouvaient à pied (Anne Comnène, Alexiad., l. V, p. 140). Ducange en a fait voir le véritable sens par un usage ridicule et incommode qui a subsisté depuis le onzième jusqu’au quinzième siècle. Ces pointes, en forme de scorpion, avaient quelquefois deux pieds, et une chaîne d’argent les attachait au genou.