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Constantinople ; la famille royale de Ducas fut emprisonnée dans le palais ou dans le cloître ; et Robert, affligé du malheur de sa fille et de l’expulsion de son allié, médita des projets de vengeance. Un Grec, qui se disait père de Constantin, parut bientôt à Salerne, et raconta l’histoire de son détrônement et de son évasion. Le duc ne méconnut point cet ami malheureux ; il l’environna de la pompe, et le revêtit des titres de la dignité impériale. Michel[1] parcourut en triomphe la Pouille et la Calabre : les peuples le reçurent avec des larmes et des acclamations ; et le pape Grégoire VII exhorta les évêques à concourir, par leurs sermons, et les catholiques par le secours de leurs bras, au rétablissement de ce prince. Ses conversations avec Robert étaient fréquentes et familières ; la valeur des Normands et les trésors de l’empire grec donnaient quelque fondement à leurs promesses réciproques. Cependant, de l’aveu des Grecs et des Latins, ce Michel n’était qu’un fantôme et un imposteur : c’était un moine échappé de son couvent, ou un domestique qui avait

  1. Anne Comnène, l. I, p. 28-29 ; Guill. de la Pouille, l. IV, p. 271 ; Geoffroy Malaterra, l. III, c. 13, p. 579, 580. Malaterra est plus réservé, mais l’Apulien dit positivement :

      Mentitus se Michaelem
    Venerat à Danais quidam seductor ad illum.


    Comme Grégoire VII avait été trompé à cette fourberie, Baronius presque seul ne manque pas de la soutenir (A. D. 1080, no 44).