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chrétiens avait contribué aux succès des Normands ; ils en furent récompensés par le triomphe de la croix. L’île rentra sous la juridiction du pontife de Rome : on établit de nouveaux évêques dans les principales villes, et le clergé eut lieu d’être satisfait des magnifiques dotations accordées aux églises et aux monastères. Cependant le héros catholique soutint avec fermeté les droits du magistrat civil. Au lieu de renoncer à l’investiture des bénéfices, il eut l’adresse de tourner à son profit les prétentions des papes, et la singulière bulle qui déclare les princes de Sicile légats héréditaires et perpétuels du saint siége[1], consolida et étendit la suprématie de la couronne.

Robert fait une invasion dans l’empire d’Orient. A. D. 1081.

La conquête de la Sicile avait été plus glorieuse qu’utile pour Robert Guiscard : la possession de la Pouille et de la Calabre ne suffisait pas à son ambition, et il résolut de saisir ou de faire naître une occasion d’envahir et peut-être de subjuguer l’empire d’Orient[2]. Un divorce obtenu sous prétexte

    Prideaux, Life of Mahomet, p. 188 ; Petis de La Croix, Hist. de Gengis-kan, p. 535, 536 ; Casiri, Bibl. arab. hispan., t. II, p. 9-13), et je crains qu’il n’y ait quelque méprise.

  1. Malaterra parle de la fondation des évêchés (l. IV, c. 7), et il produit l’original de la bulle (l. IV, c. 29). Giannone donne, en écrivain du pays, une idée de ce privilége et de la monarchie de Sicile (t. II, p. 95-102), et Saint-Marc (Abrégé, t. III, p. 217-301) discute cette question avec toute l’habileté d’un jurisconsulte sicilien.
  2. Dans les détails de la première expédition de Robert