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trois cents Normands arrêtèrent et repoussèrent les forces de l’île. À la bataille de Céramio, cinquante mille hommes, tant de cavalerie que d’infanterie, furent mis en déroute par cent trente-six soldats chrétiens, sans compter saint George, qui combattit à cheval aux premiers rangs. On réserva pour le successeur de saint Pierre les bannières ennemies et quatre chameaux : si on eût exposé ces dépouilles des Barbares, non pas au Vatican, mais au Capitole, elles auraient pu rappeler le souvenir des triomphes sur les Carthaginois. Ce qu’on dit du petit nombre des Normands ne doit probablement s’entendre que des chevaliers ou guerriers combattant à cheval, et de noble extraction, dont chacun avait cinq ou six hommes à sa suite[1] ; mais en adoptant cette interprétation, et en supposant tous les avantages que purent donner la valeur, la bonté des armes et la réputation, la déconfiture d’une si nombreuse armée réduit encore le lecteur prudent à choisir entre l’idée d’un miracle et celle d’une fable. Les Arabes de la Sicile recevaient de puissans secours de leurs compatriotes d’Afrique : les galères de Pise aidèrent la cavalerie des Normands à faire le siége de Palerme, et au moment de l’action, la jalousie des deux frères prit le noble caractère d’une émulation généreuse et invincible. Après une guerre de trente ans[2],

  1. Voyez le mot milites dans le Glossaire latin de Ducange.
  2. Entre autres détails curieux ou bizarres, Malaterra