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fabuleuses des patriarches hébreux et des sages de l’Orient ; ces Évangiles, ces Épîtres et ces actes supposés sous lesquels, au premier siècle de l’Église, se trouvait enseveli le code orthodoxe : il rejetait de plus la théologie de Manès, les hérésies qui y avaient quelque rapport, et les trente classes d’Æons qu’avait créées la fertile imagination de Valentin. Les pauliciens condamnaient sincèrement la mémoire et les opinions des manichéens ; et ils se plaignaient de l’injustice de leurs adversaires, qui chargeaient de ce nom odieux les disciples de saint Paul et de Jésus-Christ.

Simplicité de leur doctrine et de leur culte.

Les chefs des pauliciens avaient brisé plusieurs anneaux de la chaîne ecclésiastique ; ils avaient étendu leur liberté en réduisant le nombre des maîtres qui asservissent la profane raison à la voix des mystères et des miracles. La secte des gnostiques s’était formée avant l’établissement public du culte catholique, et, outre le silence de saint Paul et des évangélistes, l’habitude et la haine préservèrent les pauliciens des innovations qui s’introduisirent peu à peu dans la discipline et la doctrine de l’Église. Les objets transformés par la superstition se montraient à leurs yeux sous leur véritable forme. Une image descendue du ciel n’était à leurs yeux que l’ouvrage d’un mortel, dont le talent seul pouvait donner quelque valeur au bois ou à la toile qu’il avait employée. Ils regardaient les reliques miraculeuses comme des ossemens et des cendres inanimées, dénuées de vertu, et peut-être étrangères à la personne à qui