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de l’Italie : les Normands d’Averse partagèrent leur colère, [Leur conquête de la Pouille. A. D. 1040-1043.]et la province de la Fouille[1] fut envahie, comme le gage de la dette, vingt ans après leur première émigration ; leur armée n’était encore composée que de sept cents cavaliers et cinq cents fantassins, et les troupes de Byzance, lorsqu’on eut rappelé en Italie les légions qui avaient fait la guerre de Sicile, se montaient, dit-on, à soixante mille hommes[2]. Un héraut leur proposa le choix du combat ou de la retraite : « Le combat», s’écrièrent d’une voix tous les Normands, et un de leurs plus robustes guerriers renversa d’un coup de poing le cheval du messager des Grecs. On renvoya ce messager avec un autre cheval : les généraux byzantins eurent soin de cacher l’insulte aux troupes de l’empire ; mais deux batailles qui se suivirent de près leur firent connaître d’une plus terrible manière la force et la bravoure des Normands. Les Asiatiques s’enfuirent dans les plaines de Cannes devant les aventuriers de la France ; le duc de Lombardie tomba au pouvoir des vain-

  1. Voyez Geoffroy Malaterra, qui raconte la guerre de Sicile et la conquête de la Pouille (l. I, c. 7, 8, 9-19). Cedrenus (tom. II, p. 741-743, 755, 756) et Zonare (tom. II, p. 237, 238) décrivent les mêmes événemens ; et les Grecs étaient si accoutumés aux humiliations, que leur narration est assez impartiale.
  2. Cedrenus spécifie le ταγμα de l’Obsequium (Phrygia) et le μερος des Thracésiens (Lydia) ; voyez Constantin (De Thematibus, 1, 3, 4) avec la Carte de Delisle ; et il nomme ensuite les Pisidiens et les Lycaoniens avec les fœderati.