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en nombre, les faibles partisans que conservait cette secte furent chassés des capitales de l’Orient et de l’Occident, et relégués dans les villages et les montagnes situés sur les rives de l’Euphrate, On aperçoit au cinquième siècle quelques traces des marcionites[1] ; mais tous les sectaires furent enfin confondus sous la dénomination de manichéens : ces hérétiques, qui osaient vouloir concilier les doctrines de Zoroastre et de Jésus-Christ, étaient persécutés par les deux religions avec un égal acharnement. Pendant le règne du petit-fils d’Héraclius et aux environs de Samosate, plus célèbre par la naissance de Lucien que par l’honneur d’avoir donné son nom à un royaume de Syrie, on vit paraître un réformateur que ses disciples, les pauliciens, regardèrent bientôt comme un missionnaire élu du ciel pour annoncer la vérité, digne de la confiance des hommes. Ce réformateur, nommé Constantin, avait reçu dans sa modeste habitation de Mananalis, un diacre qui revenait de la Syrie où il avait été captif, et qui lui avait donné le nouveau Testament, présent inestimable que la prudence du clergé grec et peut-être des prêtres gnostiques, cachait déjà aux regards du vulgaire[2]. Ses études se bornèrent à cette lecture ; il

  1. Au temps de Théodoret, le diocèse de Cyrrhus, en Syrie, contenait huit cents villages : deux de ces villages étaient habités par les ariens et les eunomiens, et huit par les marcionites, que le laborieux évêque réunit à l’Église catholique. (Dupin, Biblioth. ecclés., t. IV, p. 81, 82.)
  2. Nobis profanis ista (sacra Evangelia) legere non licet,