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demeuraient dans le silence et l’obscurité ; les disputes avec les Latins, devenues rares, n’étaient que des hostilités lointaines contre un ennemi national, et les sectes de l’Égypte et de la Syrie jouissaient de la tolérance à l’ombre des califes arabes. Vers le milieu du septième siècle, la tyrannie spirituelle choisit pour victimes les pauliciens, dont la doctrine est une branche du manichéisme ; on épuisa leur patience ; on les poussa au désespoir et à la rebellion, et, dispersés en Occident, ils y répandirent les germes de la réforme. Il me sera permis, vu l’importance de ces événemens, d’entrer dans quelques détails sur la doctrine et l’histoire des pauliciens[1] ; et comme ils ne peuvent plus se défendre, l’impartialité et la bonne foi m’obligeront à faire valoir le bien et à atténuer le mal qu’en ont dit leurs adversaires.

Origine des pauliciens ou disciples de saint Paul. A. D. 660, etc.

Les gnostiques qui avaient troublé l’enfance de l’Église, furent enfin accablés du poids de sa puissance et de son autorité. Loin de pouvoir égaler ou surpasser les catholiques en richesses, en savoir et

  1. Le savant Mosheim examine avec sa justesse et sa bonne foi ordinaires les erreurs et les vertus des pauliciens (Hist. eccles. seculum IX, p. 311, etc.). Il tire les faits de Photius (contra Manichæos, l. I) et de Pierre le Sicilien (Hist. Manichæorum). Le premier de ces ouvrages n’est pas tombé entre mes mains ; j’ai lu le second, que préfère Mosheim, dans une version latine insérée dans la Maxima Bibliotheca Patrum (t. XVI, p. 754-764), d’après l’édition du jésuite Raderus (Ingolstadt, 1604, in-4o.).