Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.

royaume de Naples, étaient presque toutes soumises aux ducs lombards, princes de Bénévent[1], si redoutables à la guerre, qu’ils arrêtèrent un moment le génie de Charlemagne, et si zélés pour le progrès des lumières, qu’ils entretenaient dans leur capitale une académie de trente-deux philosophes ou grammairiens. Lorsque cet état si florissant eut été détruit et divisé, on en vit sortir les principautés rivales de Bénévent, de Salerne et de Capoue : l’ambition et la vengeance aveuglèrent les différens partis au point qu’ils appelèrent les Sarrasins, et leur héritage commun devint la proie de ces étrangers. Deux siècles de calamités accablèrent l’Italie de maux cruels et sans cesse renouvelés, que ceux qui l’opprimaient n’étaient pas en état de guérir par l’union et la tranquillité qui suivent une conquête solidement affermie. Les vaisseaux des Sarrasins sortaient souvent et presque chaque année du port de Palerme ; les chrétiens de Naples les accueillaient avec trop d’indulgence : la côte d’Afrique fournissait des armemens plus redoutables ; et les Arabes même de l’Andalousie venaient quelquefois secourir ou repousser des musulmans d’une secte opposée à la leur. Dans le cours des événemens de la terre,

  1. Le savant Camillo Pellegrino, qui vivait à Capoue dans le dernier siècle, a jeté du jour sur l’histoire du duché de Bénévent, dans son Historia principum longobardorum. Voyez les Scriptores de Muratori, t. II, part. I, p. 221-345 ; et t. V, p. 159-245.