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de ces premiers missionnaires : leur courage était actif et patient, leurs motifs purs et dignes d’estime ; le témoignage de leur conscience et la vénération d’un peuple reconnaissant, étaient l’unique salaire auquel ils pussent prétendre. Les orgueilleux et riches prélats des temps postérieurs ont recueilli le fruit de ces missions. Les premières conversions furent volontaires ; les missionnaires n’avaient pour armes que la sainteté de leurs mœurs et l’éloquence de leurs discours ; mais ils combattaient par des miracles et des visions les fables domestiques des païens ; et pour mieux séduire ceux qui gouvernaient, ils flattaient leur vanité et s’occupaient de leurs intérêts. Les chefs des nations auxquels on prodiguait les titres de rois et de saints[1] croyaient faire une œuvre légitime et pieuse en assujettissant à la foi catholique leurs sujets et leurs voisins. La côte de la Baltique, depuis le Holstein jusqu’au golfe de Finlande, fut envahie au nom et sous la bannière de la croix ; et la conversion de la Lithuanie au quatorzième siècle termina le règne de l’idolatrie. Cependant, la vérité et la bonne foi obligent d’avouer que la conversion du Nord procura plusieurs

  1. L’an 1000, les ambassadeurs de saint Étienne reçurent du pape Silvestre le titre de roi de Hongrie, avec un diadème travaillé par des artistes grecs. On le destinait au duc de Pologne ; mais les Polonais, de leur aveu, étaient trop barbares pour mériter une couronne angélique et apostolique. Katona, Hist. crit. regum stirpis Arpadianæ, t. I, p. 1-20).