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obligé de suivre les conciles, d’examiner les symboles, et de dénombrer les sectes de cette période orageuse des annales ecclésiastiques. Depuis le commencement du huitième siècle jusqu’aux derniers temps de l’empire de Constantinople, le bruit des controverses ne se fit plus entendre que rarement ; la curiosité était épuisée, le zèle fatigué, et les décrets de six conciles avaient irrévocablement fixé les articles du symbole catholique. L’esprit de dispute, quelque frivole et quelque pernicieux qu’il puisse être, exige du moins quelque énergie et l’exercice de quelques facultés intellectuelles ; et les Grecs avilis se contentaient alors de jeûner, de prier et d’obéir aveuglément à leur patriarche et à son clergé. La Vierge et les saints, les reliques et les images, les miracles et les visions, furent les objets des sermons des moines et de la dévotion du peuple, et l’on peut sans injustice comprendre ici, sous le nom de peuple, les premières classes de la société. Les empereurs de la dynastie isaurienne entreprirent d’éveiller leurs sujets dans un moment défavorable et par des moyens un peu rudes ; la raison put faire alors quelques prosélytes ; un beaucoup plus grand nombre fut subjugué par l’intérêt ou la crainte ; mais l’Orient défendit ou regretta ses images, et leur rétablissement fut célébré comme la fête de l’orthodoxie. Dans ce temps de soumission passive et uniforme, les chefs de l’Église se trouvèrent affranchis du travail ou privés des plaisirs de la superstition. Les païens avaient disparu ; les Juifs