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et fait de bonnes œuvres, peut compter sur une sentence favorable au dernier jour. Une indifférence si raisonnable était peu dans le caractère d’un fanatique, et il n’y a pas lieu de penser qu’un envoyé du ciel ait ainsi diminué le prix et la nécessité de ses propres révélations. Selon le Koran[1], la foi en Dieu est inséparable de la foi en Mahomet ; les bonnes œuvres sont celles qu’il a ordonnées, et ces deux conditions emportent la nécessité de l’islamisme, auquel toutes les nations et toutes les sectes sont également invitées. Pour excuser leur aveuglement spirituel, elles allégueront en vain leur ignorance, ou feront valoir leurs vertus, elles seront punies par des tourmens éternels et les larmes que versa Mahomet sur la tombe de sa mère, pour laquelle il lui était défendu de prier, offrent un contraste frappant de fanatisme et d’humanité[2]. L’arrêt est commun à tous les infidèles ; le degré d’évidence qu’ils auront rejeté, et la gravité des erreurs qu’ils auront adop-

  1. Reland, toujours guidé par la bonne foi, démontre que Mahomet a réprouvé tous les incrédules (De religione mohammed., p. 128-142), qu’il n’y aura jamais de salut pour les diables (p. 196-199), que le paradis ne se bornera pas à des plaisirs sensuels (p. 199-205), que l’âme des femmes est immortelle (p. 205-209).
  2. Al-Beidawi, apud Sale, Koran, c. 9, p. 164. Le refus de prier pour un parent incrédule est justifié, selon Mahomet, par les devoirs d’un prophète et l’exemple d’Abraham, qui réprouva son propre père comme ennemi de Dieu. Cependant Abraham (ajoute-t-il, c. 9, v. 116, Maracci, t. II, p. 317) fuit sanè pius, mitis.