Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reçu ; de créer un jardin au milieu du désert, ou de consumer par un incendie la cité incrédule. Toutes les fois qu’il se trouva ainsi pressé par les koreishites, il s’échappa en vantant d’une manière obscure le don de visions et de prophétie ; il en appelle aux preuves morales de sa doctrine, et se met à l’abri derrière la Providence, laquelle refuse ces signes et ces merveilles qui diminuent le mérite de la foi et aggravent le crime de l’infidélité ; mais le ton modeste ou irrité de ses réponses montre sa faiblesse et son embarras, et ces passages fâcheux ne laissent aucun doute sur l’intégrité du Koran[1]. Ses sectaires parlent de ses miracles avec plus d’assurance que lui, et la confiance de leur crédulité augmente à mesure qu’ils s’éloignent de l’époque et du lieu de ses exploits spirituels. Ils croient ou ils assurent que les arbres allèrent à sa rencontre ; qu’il fut salué par les pierres ; que l’eau jaillissait de ses doigts ; qu’il nourrissait miraculeusement les affamés, guérissait les malades et ressuscitait les morts ; qu’une solive poussa des gémissemens devant lui ; qu’un chameau lui adressa des plaintes ; qu’une épaule de mouton l’informa qu’elle était empoisonnée, et que la nature vivante

  1. Voyez surtout les chapitres 2, 6, 12, 13, 17, du Koran. Prideaux (Vie de Mahomet, p. 18, 19) a confondu l’imposteur. Maracci, qui déploie un appareil plus savant, a fait voir que les passages du Koran qui nient les miracles de Mahomet, sont clairs et positifs (Alcoran, t. I, part. II p. 7-12), et que ceux qui semblent les affirmer sont ambigus et insuffisans (p. 12-22).