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vrage annonce la main d’un seul artiste. Dès sa première jeunesse, Mahomet s’était livré à la contemplation religieuse : chaque année, il s’éloignait du monde et des bras de Cadijah durant le mois de Ramadan ; il se retirait au fond de la caverne de Héra, située à trois milles de la Mecque[1] ; il y consultait l’esprit de fraude ou celui de fanatisme, dont le séjour n’est pas dans les cieux, mais dans l’esprit du prophète. Il n’y a qu’un Dieu, et Mahomet est l’apôtre de Dieu ; telle est la foi que, sous le nom d’Islam, il prêcha à sar famille et sa nation, et qui contient ainsi une vérité éternelle et une fable évidente.

Un seul Dieu.

Les apologistes de la religion juive peuvent s’enorgueillir de ce qu’à l’époque où les fables du polythéisme trompaient les nations savantes de l’antiquité, leurs simples ancêtres conservaient dans la Palestine la connaissance et le culte du vrai Dieu. Il n’est pas aisé de concilier les attributs moraux de Jehovah avec la règle des vertus humaines ; ses qualités métaphysiques sont énoncées d’une manière très-obscure ; mais chaque page du Pentateuque et des prophètes atteste son pouvoir ; l’unité de son nom est gravée sur la première table de la loi, et

  1. Abulféda (in vit., c. 7, p. 15 ; Gagnier, t. I, p. 133-135). Abulféda (Géogr. arab., p. 4) indique la position du mont Héra. Cependant Mahomet n’avait jamais entendu parler de la caverne d’Égérie, ubi nocturnæ Numa constituebat amicæ, du mont Ida, où Minos conversait avec Jupiter, etc.