Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/525

Cette page a été validée par deux contributeurs.

insensé ! s’écrie le malveillant écrivain de l’histoire Byzantine, de dépouiller une vierge dans tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté, pour orner ou plutôt pour faire ressortir la difformité d’une vieille couverte de rides[1]. Mais le glaive des Lombards l’empêcha de s’établir en Italie ; il entra dans Rome, non comme un vainqueur, mais comme un fugitif ; et après y avoir passé douze jours, il pilla l’ancienne capitale du monde, puis s’en éloigna pour jamais[2]. L’entière séparation de l’Italie et de l’empire de Byzance eut lieu environ deux siècles après les conquêtes de Justinien ; et c’est sous son règne que la langue latine commença à tomber en désuétude. Ce législateur avait publié ses Institutes, son Code et ses Pandectes, dans un langage qu’il vante comme le style public du gouvernement romain, l’idiome du palais et du sénat de Constantinople, des armées

  1. Constantin Manassès a fait contre ce projet des vers barbares :

    Την πολιν την βασιλειαν αποκοσμησαι θελων,
    Και την αρχην χαρισασθαι τριπεμπελῳ Ρωμη,
    Ως ειτις αβροστολιστον αποκοσμησει νυμφην,
    Και γραυν τινα τρικορωνον ως κορην ωραισει.


    Et il est confirmé par Théophane, Zonare, Cedrenus et l’Historia Miscella : voluit in urbem Romam imperium transferre (l. XIX, p. 157), in t. I, part. I, des Script. rerum ital. de Muratori.

  2. Paul Diacre, l. V, c. 11, p. 480 ; Anastase, in vitis Pontificum, dans la Collection de Muratori, t. III, part. I, page 141.