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lanteries scandalisèrent l’Italie et la France, et jusqu’à l’époque où elle atteignit sa soixantième année, ses amans de toutes les classes furent les zélés instrumens de son ambition. Le roi d’Italie imita l’incontinence de sa mère et de sa grand’mère, et on décora ses trois concubines favorites des noms classiques de Vénus, de Junon et de Semèle[1]. La fille de Vénus fut accordée aux sollicitations de la cour de Byzance ; elle quitta son nom de Berthe pour prendre celui d’Eudoxie, et elle fut mariée ou plutôt fiancée au jeune Romanus, héritier présomptif de l’empire d’Orient. La grande jeunesse des deux époux suspendit la consommation du mariage ; cette union n’eut pas lieu, Eudoxie étant morte cinq ans après. L’empereur Romanus épousa en secondes noces une plébéienne, mais issue du sang romain ; il en eut deux filles, Théophane et Anne, mariées toutes deux à des princes. [Othon d’Allemagne. A. D. 972.]L’aînée fut donnée pour gage de la paix, au fils d’Othon-le-Grand, qui avait sollicité cette alliance les armes à la main et par la voie des négociations. On pouvait douter qu’un Saxon eût des droits aux priviléges de la nation française ; mais

  1. Luitprand, après avoir parlé des trois déesses, ajoute naturellement, et quoniam non rex solus iis abutebatur, earum nati ex incertis patribus originem ducunt (Hist., l. IV, c. 6). Voyez sur le mariage de la seconde Berthe, Hist., l. V, c. 5 ; sur l’incontinence de la première, Dulcis exercitia hymenœi, l. II, c. 15 ; sur les vertus et les vices de Hugon, l. III, c. 5. Au reste, il ne faut pas oublier que l’évêque de Crémone aimait les Chroniques scandaleuses.