Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/493

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des nations étaient rangés d’après l’estime ou le mépris des Grecs ; l’empereur envoyait de sa table, comme une grande faveur, les plats qu’il avait goûtés, et chacun de ses favoris reçut une robe d’honneur[1]. Chaque matin et chaque soir les officiers de l’ordre civil et de l’ordre militaire allaient au palais exercer leurs fonctions ; leur maître les honorait quelquefois d’un coup d’œil ou d’un sourire ; il déclarait ses volontés par un mouvement de tête ou par un signe ; mais devant lui tous les grands de la terre se tenaient debout dans le silence et la soumission. Lorsque l’empereur faisait dans la ville des promenades triomphales à des époques fixées ou dans des occasions extraordinaires, il se montrait librement aux regards du public : les cérémonies imaginées par la politique étaient liées à celles de la religion, et les fêtes du calendrier grec déterminaient ses visites aux principales églises. La veille de ces processions, les hérauts annonçaient la pieuse intention du prince, ou la grâce qu’il daignait faire à ses sujets. On nettoyait et on purifiait les rues, on les jonchait de fleurs ; on étalait sur les fenêtres et les balcons les meubles précieux, la vaisselle d’or et d’argent et les tapisseries de soie, et une sévère discipline réprimait et contenait le tumulte de la populace. Les

    une homélie de saint Chrysostôme sur les Actes des Apôtres, elatâ voce non latine (p. 483).

  1. On a fait dériver avec assez de vraisemblance le mot gala, de cala ou caloat, qui, en arabe, signifie une robe d’honneur (Reiske, Not. in cœrem., p. 84).