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grand-drungaire de la flotte, et celui-ci était remplacé par l’émir ou amiral, nom tiré de la langue des Sarrasins[1], mais naturalisé depuis dans toutes les langues de l’Europe. Ces officiers et beaucoup d’autres dont il serait inutile de faire l’énumération, composaient la hiérarchie civile et la hiérarchie militaire : les honneurs et les émolumens, l’habit et les titres de chacun, enfin les saluts qu’ils se devaient et leur prééminence respective, furent réglés avec plus de soin qu’il n’en aurait fallu pour former la constitution d’un peuple libre ; le code était presque arrivé à sa perfection, lorsque ce vain édifice, monument de servitude et d’orgueil, fut enseveli pour jamais sous les ruines de l’empire[2].

Adoration de l’empereur.

La flatterie et la crainte ont employé envers des êtres semblables à nous les titres les plus relevés, les postures les plus humbles que la dévotion ait choisies pour honorer l’Être Suprême. Dioclétien emprunta du servile cérémonial de la Perse l’usage d’adorer[3]

  1. Ce fut de la langue des Normands que ce mot passa directement chez les Grecs. Au douzième siècle, Giannone compte l’amiral de Sicile parmi les grands officiers.
  2. Cette esquisse des honneurs et des emplois de l’empire grec est tirée de George Codinus Curopalata, qui vivait encore après la prise de Constantinople par les Turcs. Son ouvrage frivole, mais travaillé avec soin (De officiis ecclesiæ et aulæ C. P.), a été éclairci par les notes de Goar et les trois livres de Gretser, savant jésuite.
  3. La manière de saluer en portant la main à la bouche, ad os, est l’origine du mot latin adoro, adorare. Voyez le savant Selden (Titles of Honour, vol. III, p. 143-145, 942).