Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/475

Cette page a été validée par deux contributeurs.

valeur du présent, et lors de la restitution des prisonniers, il n’excepta que les ouvriers mâles et femelles de Thèbes et de Corinthe, qui travaillaient sous un maître barbare, dit l’historien de Byzance, comme les Érétriens travaillaient autrefois au service de Darius[1]. On construisit dans le palais de Palerme un magnifique bâtiment pour l’établissement de cette industrieuse colonie[2], et cet art fut propagé par les enfans des ouvriers et par les élèves qu’ils formèrent de manière à satisfaire aux demandes toujours croissantes des nations de l’Occident. On peut attribuer la chute des fabriques aux troubles de l’île, et à la concurrence des villes de l’Italie. L’an 1314, de toutes les républiques italiennes, celle de Lucques était la seule qui fit le commerce des étoffes de soie[3]. Une révolution intérieure dispersa ses ouvriers à Florence, à Bologne, à Venise, à Milan, et même dans les pays situés au-delà des Alpes ; et treize années après cet événement, les statuts de Modène ordonnent de planter des mûriers et règlent

  1. Nicetas, in Manuel, l. II, c. 8, p. 65. Il représente ces Grecs comme habiles ευητριο‌υς οθονας νφαινειν, comme ισ‌τῳ προσανοεχοντας των εξαμιτων και χρυσοπασ‌των σ‌τολων.
  2. Hugo Falcandus les appelle nobiles officinas. Les Arabes plantèrent des cannes, et firent du sucre dans la plaine de Palerme ; mais ils n’y apportèrent pas la soie.
  3. Voyez la Vie de Castruccio Castracani, non celle qu’a publiée Machiavel, mais celle de Nicolas Tegrini, qui est plus authentique. Muratori, qui l’a insérée dans le onzième volume de ses Scriptores, etc., cite ce passage curieux dans ses Antiquités d’Italie (t. I, Dissert. 25, p. 378).