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reurs de la maison de Comnène régnaient encore des bords du Danube aux rivages du Péloponnèse, et depuis Belgrade jusqu’à Nicée, à Trébisonde et au cours tournoyant du Méandre. Les vastes provinces de la Thrace, de la Macédoine et de la Grèce obéissaient à leur empire ; Chypre, Rhodes, la Crète et cinquante îles de la mer Égée ou mer Sainte[1] leur appartenaient, et ces débris surpassaient encore l’étendue du plus grand royaume de l’Europe.

Richesse et population.

Les empereurs pouvaient encore s’enorgueillir avec justice de ce que, de tous les monarques de la chrétienté, nul n’avait une aussi grande capitale[2], un revenu aussi considérable et un état aussi florissant et aussi peuplé. Les villes de l’Occident avaient

  1. Αγιος Πελαγος, ainsi que l’appellent les Grecs modernes ; les géographes et les marins en ont fait l’Archipelago, l’Archipel et les Arches (d’Anville, Géograph. anc., t. I, p. 281 ; Analyse de la Carte de la Grèce, p. 60). La multitude de moines et de caloyers que renfermaient toutes les îles, et le mont Athos, ou monte santo, qui est aux environs (Observations de Belon, fol. 32, verso), pouvait justifier l’épithète de sainte, αγιος, qu’on donna à cette partie de la Méditerranée. C’est un léger changement au mot primitif αιγαιος, imaginé par les Doriens, qui dans leur dialecte, donnèrent le nom figuré de αιγες, ou chèvres, aux vagues bondissantes (Vossius, ap. Cellarius, Géogr. antiq., t. I, p. 829).
  2. Selon le voyageur juif qui avait parcouru l’Europe et l’Asie, Constantinople n’était égalée en étendue que par Bagdad, la grande cité des Ismaélites (Voyag. de Benjamin de Tudèle, publiée par Baratier, t. I, c. 5, p. 46).