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étaient-elles encore dans leur entier, et l’empire de Justinien venait de s’agrandir de deux brillantes acquisitions, l’Afrique et l’Italie ; mais les empereurs ne possédèrent ces contrées que peu de temps et d’une manière précaire, et les Sarrasins envahirent presque la moitié de l’empire d’Orient. Les califes arabes s’emparèrent de la Syrie et de l’Égypte, et après la réduction de l’Afrique, leurs lieutenans subjuguèrent la province romaine qui formait alors la monarchie des Goths en Espagne. Leurs vaisseaux vinrent aux îles de la Méditerranée ; et des ports de la Crète et des forteresses de la Cilicie, leurs postes les plus éloignés, les émirs ou fidèles ou rebelles aux califes insultaient également à la majesté du trône et de la capitale. Les provinces qui obéissaient encore aux empereurs, prirent une nouvelle forme ; la juridiction des présidens, des consulaires et des comtes fut remplacée, sous les successeurs d’Héraclius, par les thèmes[1] ou gouvernemens militaires, tels que nous les fait connaître l’empereur Constantin. L’origine de ces vingt-neuf thèmes, dont douze en Europe et dix-sept en Asie, est tout-à-fait obscure, et l’étymologie de leurs noms incertaine ou

  1. Voyez Constantin (De Thematibus, in Banduri, t. I, p. 1-30), qui convient que ce mot est ο‌υκ παλαια. Maurice (Stratagem., l. II, c. 2) se sert du mot θημα pour désigner une légion : on l’appliqua ensuite au poste ou à la province qu’elle occupait (Ducange, Gloss. græc., t. I, p. 487, 488). Les auteurs ont essayé de donner l’étymologie des thèmes opsicien, optimatien et thracésien.