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donna à Constantinople le spectacle d’un triomphe : la capitale applaudit à cette cérémonie depuis long-temps oubliée, et le diadème impérial devint la seule récompense capable de payer les services ou de satisfaire l’ambition de Nicéphore.

Les conquêtes en Orient de Nicéphore Phocas et de Jean Zimiscès. A. D. 963-975.

Après la mort de Romanus le jeune, quatrième descendant de Basile en ligne directe, sa veuve Théophanie épousa successivement les deux héros de son siècle, Nicéphore Phocas et Jean Zimiscès, l’assassin de ce dernier. Ils régnèrent en qualité de tuteurs et de collègues de ses enfans, qui étaient en bas âge, et les douze années où ils commandèrent l’armée des Grecs forment la plus belle époque des annales de Byzance. Les sujets et les alliés qu’ils menèrent à la guerre présentaient, du moins dans l’opinion de l’ennemi, deux cent mille hommes, dont trente mille étaient armés de cuirasses[1] ; quatre mille mulets suivaient leur marche, et une enceinte de piques de fer défendait le camp qu’ils formaient chaque nuit. Dans une longue suite de combats sanglans et sans résultat, l’historien ne peut voir qu’une anticipation de ces lois de destruction, qu’accomplirait quelques années plus tard le cours ordinaire de la nature : je suivrai donc en peu de mots les conquêtes des deux empereurs,

    omnes veræque fidei disciplinam pepulit. Ecclesiis per totam insulam ædificatis, etc. (Annal. eccles., A. D. 961).

  1. Elmacin (Hist. Saracen., p. 278, 279). Luitprand était disposé à déprécier la puissance des Grecs ; mais il avoue que Nicéphore marcha contre les Assyriens à la tête d’une armée de quatre-vingt mille hommes.