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aux observateurs : le pays des Chaldéens offrait pourtant un terrain également uni, et un même horizon toujours sans nuage : les mathématiciens mesurèrent avec exactitude dans les plaines de Sennaar, et une seconde fois dans celles de Cufa, un degré du grand cercle de la terre, et ils trouvèrent que la circonférence entière du globe est de vingt-quatre mille milles[1]. Depuis le règne des Abbassides jusqu’à celui des petits-fils de Tamerlan, on observa les étoiles avec zèle, mais sans le secours des lunettes : et les tables astronomiques de Bagdad, d’Espagne et de Samarcande[2] corrigent quelques erreurs de détail, sans oser renoncer à l’hypothèse de Ptolémée, et sans faire un pas vers la découverte du système solaire. Les vérités de la science ne pouvaient réussir dans les cours de l’Orient que par le secours de l’ignorance et de la sottise : on aurait dédaigné l’astronome, s’il

  1. Abulféda (Annal. moslem., p. 210, 211, vers. Reiske) décrit cette opération d’après Ibn-Challecan et les meilleurs historiens. Ce degré, exactement mesuré, était de deux cent mille coudées royales ou hashémites ; mesure que les Arabes avaient empruntée des livres divins et des usages de la Palestine et de l’Égypte ; cette ancienne coudée se trouve quatre cent fois sur chaque côté de la base de la grande pyramide, et elle paraît indiquer les mesures primitives et universelles de l’Orient. (Voyez la Métrologie du laborieux M. Paucton, p. 101-195.)
  2. Voyez les Tables astronomiques d’Ulugh-Begh, avec la Préface du docteur Hyde, dans le premier volume de son Syntagma dissertationum, Oxford, 1767.